bersetDepuis 1975, les rentes AVS sont restées volontairement endiguées et représentent seulement, en 2014, 1’170 francs pour la rente minimale et 2’440 francs pour la rente maximale. Une réforme  urgeait et on attendait avec impatience le paquet de réformes de M.Berset. Mais la déception est grande. 

 D’importantes et inacceptables économies sont prévues sur le dos des femmes

Il s’agit d’un milliard d’économies par an prévues par l’augmentation de l’âge de la retraite des femmes et par la suppression de rentes de veuves.

Le PST/POP est farouchement opposé à l’augmentation de l’âge de la retraite des femmes. Vouloir imposer une soi disant égalité, alors que les salaires des femmes sont encore et toujours en dessous de ceux des hommes tient de la provocation. Si le besoin d’égalité titille tant la Confédération, pourquoi ne pas proposer plutôt 64 ans pour tous ? D’autant qu’il s’agit là bel et bien de l’âge de départ moyen à la retraite dans les pays de l’OCDE.

Le salaire et l’accès à un travail rémunéré influent directement sur les rentes. Raison pour laquelle il convient d’abord de parvenir à l‘égalité salariale et à concilier vie familiale et professionnelle avant de pouvoir envisager de relever l’âge de la retraite des femmes. Car avec 20% de salaire en moins, les femmes perdent des dizaines de milliards de francs de salaires et donc de cotisations AVS. D’autant plus que malheureusement, les femmes assument toujours un important travail de proche aidant et de garde des enfants dont la société ne saurait se passer. Ce qui fait que lorsque les femmes arriveront à la retraite à 64 ans elles auront pour la plupart travaillé beaucoup, beaucoup plus d’heures que les hommes au final. C’est aussi pourquoi la suppression des rentes de veuves est inacceptable.

Cette question de l’âge de la retraite nous concerne tous car, bien qu’Alain Berset se veuille rassurant sur ce point, la droite est claire: l’élévation de l’âge de la retraite des femmes est le verrou à faire sauter pour  élever l’âge de la retraite de tous. Ce n’est qu’une question de temps. D’ailleurs, le paquet prévoit déjà d’augmenter l’âge permettant un départ anticipé dans le cadre du 2ème pilier de 58 à 62 ans ! Donc si nous ne montrons pas tous ensemble notre opposition à cette élévation de l’âge de la retraite pour les femmes on connait la suite : augmentation de l’âge de la retraite pour toutes et tous!

Il est bien clair que l’assiette des cotisations AVS doit être augmentée.

Hélas, la complexité du paquet ficelé, où toutes les lois concernées dépendent les unes des autres, n’a pas ouvert la voie à un financement équitable et réaliste qui toucherait enfin tous les revenus. Car une partie des  revenus versés par les employeurs échappe au paiement de l’AVS : versements de capitaux et d’autres avantages payés (actions, stock options, etc ) pour des montants parfois pharamineux. Pas plus d’ailleurs que les revenus de capitaux qui continuent à ne pas participer à des cotisations AVS. Mais aucune trace de mesures pour taxer ces nouveaux types de revenus ne sont prévues par le socialiste.

Il faudrait surtout revoir le système complexe par capitalisation du 2ième pilier qui se trouve fortement fragilisé par les aléas des rendements financiers, même s’il se monte encore actuellement à 750 milliards. En 2008, plusieurs milliards de ce gigantesque capital amassé pour les rentes professionnelles ont été engloutis par les effets de la crise. Nous voyons bien les dangers qui menacent un 2ème pilier très fragilisé par son système de capitalisation de moins en moins rentable, au risque de voir l’AVS devenir sa roue de secours. Oui, une partie des retraites a disparu !

Or, le Conseil fédéral propose en plus une baisse drastique du taux de conversion du 2ème pilier, pourtant déjà nettement refusée par le peuple il y a peu car elle signifie une baisse de rente…

Que proposer ?
Pour le PST/POP, un glissement progressif du 2ème pilier dans le premier, en maintenant les acquis, serait la meilleure solution pour l’avenir. Comme paraissent le comprendre de plus en plus de pays qui, peu à peu, font plus confiance à un système de répartition qu’à celui, trop instable, de capitalisation géré par des organismes privés qui s’en mettent plein les poches en frais de gestion et  qui est un système qui ne permettra pas d’assurer des taux de couverture suffisants.

Il y a des ressources à explorer. Mais voilà, la frilosité et le souci de ne pas mécontenter les assureurs privés empêchent le gouvernement d’imaginer que les rentes AVS, qui n’ont pas été augmentées depuis 1975, pourraient correspondre enfin au mandat constitutionnel de son art. 112 qui prévoit que les rentes doivent « couvrir les besoins vitaux de manière appropriée » et que « les rentes sont adaptées au moins à l’évolution des prix ». Est ce que, pour le Conseil fédéral, la Constitution est écrite au conditionnel ?

Céline Misiego

Tract de la manifestation